#12 – L’image du mois : la Bibliothèque nationale durant la guerre
Septembre 1940, retour des lecteurs dans la salle Labrouste – Bibliothèque nationale
Au printemps 1940, l’évacuation des collections de la Bibliothèque nationale et d’une partie de son personnel – préparée dès l’automne 1938 par l’administrateur général de la Bibliothèque nationale, Julien Cain – entraîne la fermeture temporaire des salles de lecture.
À leur arrivée dans la capitale, les forces d’occupation allemandes, soucieuses de donner les apparences d’un « retour à la normale », exigent la réintégration immédiate des collections et la réouverture des lieux culturels. Le 24 juin 1940, la Bibliothèque nationale accueille de nouveau ses lecteurs. Malgré la fermeture temporaire et la diminution des collections disponibles – fait des évacuations comme de la censure – la fréquentation de la bibliothèque reprend une intensité comparable à celle de la période précédente.
La Bibliothèque nationale est évidemment mise au pas. Julien Cain – embarqué le 21 juin à bord du Massilia en tant que Secrétaire général à l’Information avec d’autres membres du gouvernement de Paul Reynaud et des parlementaires désireux de constituer un gouvernement en exil pour poursuivre la guerre depuis Afrique du Nord – est révoqué de ses fonctions par l’État français. Arrêté en février 1941 pour faits de Résistance, il est incarcéré à la prison de la Santé puis au Fort de Romainville avant d’être déporté, en janvier 1944, au camp de concentration de Buchenwald où il contribue à la résistance notamment culturelle jusqu’à la libération du camp en avril 1945.
Dès le 6 août 1940, l’État français nomme à sa place, Bernard Faÿ, un fervent pétainiste, fer de lance de la politique anti-maçonnique, qui met en œuvre la politique de censure préalable en décidant – à travers le Conseil du livre et la Commission de contrôle du papier d’édition – des orientations à donner aux productions littéraires françaises et de l’attribution des stocks de papier. Arrêté le 19 août 1944, Bernard Faÿ est condamné aux travaux forcés à perpétuité, avant d’être gracié en 1959.
À son retour de déportation, Julien Cain reprend ses fonctions à la Bibliothèque nationale qu’il cumule avec celles de Directeur des Bibliothèques de France et de la Lecture publique au sein du Ministère de l’Éducation nationale. Il contribue par ailleurs à la création de l’UNESCO dont il devient vice-président. Sous l’administration de Julien Cain, la Bibliothèque nationale connaît une formidable modernisation (travaux d’envergure, organisation de la formation professionnelle, développement des départements de Manuscrits, de la Musique, des Cartes et Plans, des Estampes, etc.).