#11 – L’objet du mois : un brassard pour une IVe République

#11 – L’objet du mois : un brassard pour une IVe République

“CLL XX”, un brassard pour une IVe République. MRN/fonds Rossignol

Le brassard est un morceau de tissu cousu de manière artisanale à l’approche de la Libération que les résistants, armée sans uniforme, portaient généralement pour se distinguer des civils. Celui-ci a été porté par Henri Rossignol, membre du Comité local de Libération (CLL) du 20e arrondissement de Paris. Chargé de la préparation de l’insurrection, le CLL – qui rassemble les représentants locaux des principaux mouvements, partis et syndicats clandestins – fait par office de conseil municipal assumant, sous l’égide du Comité parisien de la Libération, l’administration civile de l’arrondissement dans l’attente du rétablissement d’institutions locales démocratiquement élues.

Henri Rossignol, 1944.
Henri Rossignol, 1944.

Dès 1942, Henri Rossignol effectue son premier acte de résistance en transportant à vélo de Vigneux-sur-Seine à Paris une ronéo afin de réaliser des impressions clandestines. Il participe au tirage et au transport notamment de La Vie ouvrière. Tout comme sa mère, il est arrêté en juin de la même année et incarcéré à la prison de Corbeil. Son procès abouti à un non-lieu et il est remis en liberté le 25 juillet. Il entre alors dans la clandestinité auprès de la CGT. Jusqu’en décembre 1943, Henri Rossignol est chargé de transporter des impressions clandestines vers divers dépôts de région parisienne. Il entre dans la lutte armée le 1er janvier 1944 au sein de Francs-tireurs et Partisans français (FTPF) et sous les ordres du Commandant Chagneau, dit Beaudoin. Le 11 août 1944, il est affecté au bataillon FTP Saint-Just à Paris et participe aux combats dans les secteurs de Gambetta, Saint-Fargeau et Charonne.

Brassard CLL du 20e arrondissement (Paris).
Brassard de Henri Rossignol, membre du CLL du 20e arrondissement (Paris).

En tant que membre du Comité local de libération du 20e arrondissement de Paris, Henri Rossignol est chargé de veiller à l’application des décisions prises par le Comité et doit donc être immédiatement identifiable. À cette fin, le CLL émet un document attestant son appartenance à cet organisme et lui imposant le port d’un brassard spécial devant comporter un certain nombre d’éléments.

Bien que réalisé de manière improvisée avec les « moyens du bord » (gaze médicale, morceaux de tissus colorés, etc.), le brassard respecte à la lettre les consignes données. On y retrouve donc quelques symboles et inscriptions reconnaissables comme les couleurs bleu, blanc, rouge du drapeau français, la Croix de Lorraine – emblème de la France libre incarnée par le général de Gaulle –, la mention « CLL XX » – sigle du Comité local de libération du 20e arrondissement de Paris –, ainsi qu’un galon transversal jaune cousu sur l’ensemble. Enfin, le tampon du Comité est apposé sur le brassard.

[Notice rédigée par Clément Monnier dans le cadre de son stage de 3e au Musée de la Résistance nationale]

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