#03 – L’image du mois : la campagne des “V”
La campagne des “V”
Fin 1940, la campagne des V est lancée à la BBC par Victor de Laveleye, ancien ministre belge en exil à Londres. Il propose d’utiliser la lettre « V » comme signe de ralliement (V pour victoire en français, liberté en néerlandais). Cette campagne est reprise sur l’émission « les Français parlent aux Français » en mars 1941.
En juin, une version sonore – le V en morse (3 signaux courts et 1 long, ••• —) correspondant aux premières notes de la Symphonie n° 5 de Beethoven – est ajoutée. Elle devient l’indicatif des émissions à destination du pays occupé et inspire à Maurice Van Moppès « La chanson des V ». Diffusée à la BBC, cet air incite les Français à inscrire partout des V. Le signe est par la suite repris devant les photographes par Winston Churchill (qui forme la lettre avec ses doigts) puis par le général de Gaulle qui l’associe à la croix de Lorraine en 1942.

La démarche trouve un important écho populaire. En France occupée, les rapports de police signalent de très nombreuses inscriptions – V, accompagné ou non de Croix de Lorraine, de la faucille et du marteau – effectuées à la craie, au charbon, à la peinture ou gravées, sur les murs, les arbres, les affiches de propagandes de l’Occupant ou de l’Etat Français. Forme de protestation silencieuse de réappropriation de l’espace public, passible d’internement administratif, constitue un acte de résistance à part entière.
Face à l’ampleur prise par cette campagne dans toute l’Europe occupée, les autorités allemandes tentent, à grand renfort de propagande, d’en retourner le symbole. La lettre V pour Victoria apparaît dès 1941 sur les véhicules, certains monuments (la Tour Eiffel, le Palais Bourbon) et de très nombreuses affiches placardées dans les rues.
