#28 – L’image du mois : Rino Della Negra, footballeur et résistant
Rino Della Negra, résistant d’origine italienne, est né en 1923 à Vimy dans le Pas-de-Calais. Il rejoint le Red Star à la saison 1942-1943 après la victoire du club en coupe de France et a joué avec les plus grands joueurs de l’époque (Herrera, Aston, Darui, Simonyi, etc.). Dans le même temps, à partir d’octobre 1942, Rino Della Negra participe à la lutte armée au sein des FTP-MOI (3e détachement italien).
Arrêté le 12 novembre 1943, Rino Della Negra est condamné à mort le 19 février 1944. Quelques heures avant son exécution, il écrit une lettre, à son frère : « Petit frère, je veux t’envoyer un dernier mot pour que tu réconfortes de ton mieux maman et papa […] Embrasse bien fort tous ceux que je connaissais […] Envoie le bonjour et l’adieu à tout le Red Star […]. Rino »
Rino Della Negra est fusillé le 21 février 1944 à 15h29 au Mont-Valérien, avec vingt et un de ses camarades du groupe dit de l’Affiche rouge : Missak Manouchian, Célestino Alfonso, Joseph Boczov, Georges Cloarec, Thomas Elek, Maurice Fingercweig, Spartaco Fontano, Emeric Glasz, Jonas Geduldig, Léon Goldberg, Szlomo Grzywacz, Stanislas Kubacki, Arpen Levitian, César Luccarini, Marcel Rayman, Roger Rouxel, Antoine Salvadori, Willy Szapiro, Amedéo Usseglio, Wolf Wajsbrot, Robert Witschitz. La seule femme du groupe, Olga Bancic, également jugée et condamnée, sera décapitée à la prison de Stuttgart le 10 mai 1944.
La photo de plusieurs des condamnés figure sur l’ « Affiche rouge » placardée le lendemain de leur exécution partout en France. Éditée par le Centre d’étude antibolcheviques, elle véhicule la représentation de la Résistance selon les nazis et l’État français : des « tueurs judéo-bolcheviques apatrides » semant la terreur. La Résistance répond vivement à cette campagne xénophobe et antisémite. Cet avis d’exécution qui ne dit pas son nom, qui profane la mémoire des morts par des propos xénophobes et antisémites, suscite immédiatement chez les résistants et dans la population française un immense dégoût envers ses auteurs et de l’admiration pour les combattants qui ont été fusillés. Des témoignages de sympathie fleurissent. L’affiche est lacérée ou son message détourné.