#27 – L’objet du mois : une ronéo sur mesure

#27 – L’objet du mois : une ronéo sur mesure

Pièces de la ronéo, matrices et pièces moulées.

La première action de la Résistance consiste à alerter et à dénoncer les mensonges de la propagande allemande et vichyste. Sur tout le territoire, publier et distribuer la moindre feuille clandestine se heurte à des difficultés matérielles considérable. Manquant de moyens, les premiers procédés d’impression de la presse clandestine sont très simples mais particulièrement chronophages. Les premiers tracts et journaux sont transcrits à la main et recopiés en de multiples exemplaires sur divers papiers. Il est d’ailleurs souvent fait appel au lecteur afin que lui-même recopie et diffuse ces écrits.

D’autres méthodes plus élaborées ont été utilisées par les résistants pour reproduire en série leurs feuilles clandestines. Le plus couramment utilisé reste la ronéo. De petite dimension, ce système d’impression mobile peut être utilisé par des particuliers sans compétences spécifiques et peut facilement être dissimulé dans une cave, un grenier, etc.

Cependant, leur vente est étroitement surveillée. De plus, tout possesseur d’une ronéo est obligé de la déclarer et de fournir aux autorités le numéro de série de la machine. Pour contourner la loi, si le vol d’une ronéo peut être envisagé, certains résistants ne manquent pas d’imagination pour se procurer un duplicateur à même d’échapper à la surveillance des autorités.

Le chantier des collections du MRN a permis de retrouver ces pièces en acier et en alliage d’aluminium déconcertantes au premier abord mais qui attestent de l’ingéniosité des résistants.

Il s’agit en effet des pièces détachées d’une ronéo qui ont servi à fabriquer les moules pour dupliquer de manière artisanale cette machine et échapper ainsi à tout contrôle. Le moulage est l’action de prendre une empreinte à partir d’une matrice (pièces en acier de couleur rouille sur la photo) qui servira ensuite à la confection d’un moule dans lequel sera coulé un alliage d’aluminium (pièces argentées sur la photo) permettant reproduction en de multiples exemplaires.

Ces pièces ont été moulées par gravité et la coulée s’est effectuée à la louche. Pour ce faire, on remplit totalement le moule en une seule fois jusqu’à ce que le métal remonte par le trou de coulée et affleure la partie supérieure du moule. Sur la pièce ronde de couleur argentée, qui deviendra un élément du rouleau encreur de la ronéo, l’appendice de coulée est encore visible. Lors de l’opération d’ébarbage, ce dernier sera supprimé à la scie à ruban. On utilise ensuite différents outils pour la finition et l’usinage de la pièce (perçage, ponçage…). Une fois toutes les pièces métalliques moulées, on peut procéder au montage avec des vis, des boulons, une manivelle et des rouleaux encreurs de récupération.

Signalons toutefois que le tirage d’un ronéo artisanale reste très limité par rapport à une machine produite de manière industrielle qui peut atteindre le tirage de 1 000 feuilles par heure.

La ronéo ayant servi de matrice partiellement remontée.
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