CNRD 2013-2014 : La libération du territoire et le retour à la République

CNRD 2013-2014 : La libération du territoire et le retour à la République

La libération du territoire et le retour à la République : enjeux et perspectives

Résistance 13|14, couverture.

Parler de la libération du territoire et du retour à la République aujourd’hui, c’est rappeler que la lutte des résistants pendant quatre ans a été fondée sur la réalisation de ces objectifs. Le thème du Concours national de la Résistance et de la Déportation invite à étudier une période qui voit la France retrouver son statut d’État libre et indépen­dant et les Français leur aptitude à décider par eux-mêmes de leur destin.

La libération du territoire et le retour à la République ne peuvent cependant pas être abordés sans précautions : si le champ chronologique couvre les années 1944 et 1945, il est important d’avoir une vision plus large et d’envisager les événements au regard de ce qui les a précédés et de ce qu’ils susciteront par la suite ; si ces événements s’inscrivent dans l’espace national, il est essentiel d’en observer le déroulement au niveau local et d’en rechercher les éventuelles répercussions internationales. C’est sur la base de cette double exigence que peut être traité le thème du concours pour 2014.

L’étude des conditions de la préparation de la Libération est un préalable indispensable. Dès le début, la France libre comme la Résistance intérieure dans leur diversité ont pour but de chasser l’Occupant (libérer la Patrie) et rétablir le peuple dans la plénitude ses pouvoirs (libérer la Nation).

Les projets militaire et politique ne sont pas conduits au même rythme selon les moyens disponibles et les enjeux pour les uns et les autres. La formation de la France combattante est une étape essentielle : l’union de la France libre et de la Résistance intérieure rend possible la mise en place d’un État et d’un gouvernement républicains et la reconstruction d’une armée nationale en mesure de participer au combat au sein des forces alliées. L’unification de la Résistance intérieure (Conseil national de la Résistance, Forces françaises de l’Intérieur) appuie ce processus et le renforce. En 1944, les institutions provisoires de la République française peuvent se déclarer légitimes lors des négociations avec les Alliés. Des unités françaises peuvent être présentes aux côtés des unités alliées, beaucoup plus nombreuses, qui s’apprêtent à débarquer en France. L’attente de la Libération est d’autant plus intense dans la population française que le contexte des premiers mois de 1944 s’avère particulièrement pénible : la répression s’est intensifiée, la pénurie est de plus en plus sévère, les bombardements alliés sont dévastateurs.

Restituer précisément les étapes de la libération du territoire est impossible en quelques pages. L’événement est national, mais il se décline en une multitude d’événements locaux. Chaque situation est déterminée par le mouvement des armées alliées ou par l’importance des forces de la Résistance intérieure dans la région. Plutôt que de la Libération, il faut parler ici des libérations. En effet, le déclenchement et le déroulement des faits peuvent être très différents d’un endroit à l’autre, mais des points communs sont repérables : incertitude de l’attente, liesse lors de la rencontre entre les libérateurs et les libérés, interrogations sur l’après-libération. Les circonstances montrent que les Français ont participé à leur propre libération et qu’ils veulent contribuer à la victoire sur l’Allemagne nazie. La libération de la France a un retentissement international qui la replace parmi les grands pays libres. La plus grande partie du territoire français est libérée à la fin 1944, mais il ne faut pas oublier que certaines parcelles sont encore occupées jusqu’au printemps 1945.

Au fur et à mesure de la libération du territoire, les autorités de la France combattante assurent le retour à la République. Il s’agit de faire disparaître l’État français du régime de Vichy et de lui substituer l’État républicain de la France combattante. Les organes issus de la Résistance intérieure et des représentants de l’État républicain sont mis en place pour assurer la direction du pays durant la phase de transition. En effet, cette organisation des pouvoirs ne peut être que provisoire car le but de la libération du territoire, affirmé depuis le début, est de redonner la parole au peuple et sa capacité de décider lui-même de la manière dont la France doit être gouvernée. La décision se fait dans un nouveau contexte démocratique : les femmes votent pour la première fois. L’union de la France combattante et cette confiance dans le processus démocratique et républicain expliquent que la France ignore la guerre civile qui éclate ailleurs en Europe libérée. Cependant, la question coloniale n’est pas réglée. Les prémisses des conflits à venir sont déjà visibles en 1945.

Le processus de reconstruction démocratique durant l’année 1945 s’accélère après le retour des Français retenus en Allemagne jusqu’à sa capitulation le 8 mai. Une nouvelle Constitution est approuvée. Une France nouvelle sort du conflit : des réformes importantes (politiques, économiques, sociales, culturelles) sont lancées dans un contexte difficile (régime de pénurie et reconstruction). Si la volonté est réelle en 1945, les ajustements des années d’après-guerre limitent la portée de certaines de ces réformes.

Face à de tels événements, il est naturel que la mémoire de la Libération ait été entretenue. Celle-ci est immédiate et multiforme. Partout, dans les petits villages comme dans les grandes villes, parfois dans des lieux isolés, on inscrit dans l’espace public la mémoire des journées de la Libération. Le plus souvent, on honore les libérateurs et ceux qui ont donné leur vie. Cette mémoire est durable, notamment au travers de cérémonies officielles et locales. La période de la Libération est devenue un des socles du « roman national républicain ». Très ancrée dans l’histoire et la mémoire locales, la Libération est sans cesse travaillée et réactivée depuis 70 ans.

Le thème retenu par le jury national du concours pour 2014 s’inscrit dans cette continuité. Participer au concours cette année, c’est contribuer à raconter l’histoire de la libération du territoire et du retour à la République, notamment au niveau local ; c’est rappeler également l’engagement d’hommes et de femmes – Français ou étrangers – pour le retour de la Liberté ; c’est rappeler qu’un combat n’est juste que par ce qu’il permet de mettre en place lorsqu’il cesse ; c’est montrer que les principes et les valeurs qui soutiennent notre République sont issus notamment de ce moment fondateur où la Liberté, l’Égalité et la Fraternité devaient être défendues les armes à la main. C’est vouloir enfin, à l’occasion de la commémoration du 70e anniversaire de la Libération, faire un acte de réflexion et de production historique et civique qui donne du sens aux engagements des peuples pour la Liberté, hier, aujourd’hui et demain.


Ressources proposées par le Musée de la Résistance nationale :


Crédits : Le Département du Val-de-Marne – Unité de Production Audiovisuelle ; Vimeo.

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