Simonne Mathieu
Capitaine résistante
1908-1980
Sport : Tennis
Type de résistance : Fondatrice et dirigeante du Corps des volontaires françaises de la France libre (CVF)
Survivante
© Robin Walter
Simonne Mathieu, de son nom de jeune fille Simonne Passemard, naît le 31 janvier 1908 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) dans une famille de la haute bourgeoisie parisienne de l’Ouest parisien. Chétive et d’une santé plutôt fragile, son médecin lui conseille la pratique de l’activité physique. À l’âge de 11 ans, elle commence alors le tennis, sport considéré à l’époque comme un loisir de la haute bourgeoisie et de surcroît, un des rares sports autorisé pour les femmes avant la Première Guerre mondiale. Elle gagne ses premiers tournois dès l’âge de 15 ans et participe à 17 ans à ses premiers tournois internationaux en France. Elle épouse René Mathieu, journaliste, ancien joueur de rugby, de tennis et de badminton, président de la commission presse et propagande de la Fédération française de Tennis. En 1927 et 1928, elle donne naissance à deux garçons qu’elle confie rapidement à ses parents dans les Cévennes pour se consacrer pleinement à son sport. Elle gagne le tournoi de Roland-Garros en 1938 et 1939 et remporte 13 titres du Grand Chelem.
En septembre 1939, lors de la déclaration de guerre, Simonne Mathieu est à New York (États-Unis) pour participer à plusieurs tournois, dont celui de l’US Open. Elle décide de rejoindre l’Angleterre en février 1940 et intègre l’Auxiliary Territorial Service (ATS), une section non combattante de la branche féminine de l’armée britannique au sein de laquelle elle est traductrice et conductrice. Dès le 22 juin, elle souhaite rejoindre le général de Gaulle. En tant que femme, elle ne peut alors intégrer l’armée française et s’engage dans un organisme bénévole d’aide aux civils, le Women’s Royal Voluntary Service (WRVS). En septembre 1940, l’amiral Émile Muselier lui confie la mission de constituer un corps féminin des volontaires françaises auprès de la France libre. À partir du mois de novembre, celui-ci devient le Corps des volontaires françaises de la France libre (CVF). Elle en prend la direction et y est chargée du recrutement et de l’entraînement des jeunes femmes. Elle est également affectée à des missions relevant de l’espionnage et travaille notamment au service du chiffre auprès du Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), le service de renseignements et d’actions clandestines de la France libre. On la retrouve parfois au micro de la radio anglaise, la BBC. Simonne Mathieu suit de Gaulle à Alger en 1943 et obtient le grade de capitaine dans les Forces françaises libres (FFL). Le dimanche 17 septembre 1944, sur le court central de Roland Garros, c’est sous l’uniforme de capitaine qu’elle arbitre un match de la Libération au bénéfice des Forces françaises de l’Intérieur (FFI). Le tout jeune champion Yvon Pétra sort victorieux de ce duel qui l’oppose à Henri Cochet “le magicien”.
Entre 1949 et 1960, elle est capitaine de l’équipe de France féminine puis présidente de la commission féminine à la Fédération française de Tennis (FFT). Elle décède le 7 janvier 1980 à Chatou (Yvelines).
Athlète reconnue puis tombée dans l’oubli, Simonne Mathieu, joueuse de tennis française la plus titrée de l’histoire derrière Suzanne Langlen, retrouve de nos jours la place qu’elle mérite. Le trophée qui récompense le double dames à Roland-Garros porte son nom, tout comme le troisième plus grand court de tennis de l’enceinte inauguré en 2019 en plein cœur de la nature.