À la recherche du Sergent Bordessoules, prisonnier de l’Oflag XXIB

À la recherche du Sergent Bordessoules, prisonnier de l’Oflag XXIB

Il y a quelques mois, en ouvrant notre boite aux lettres, nous avons trouvé une enveloppe anonyme adressée au Musée de la Résistance. En l’ouvrant, nous avons découvert un ensemble de photographies datant de la Seconde Guerre mondiale sur lesquelles figurent des prisonniers de guerre français dans un camp.

En mai-juin 1940, pendant les six semaines de la foudroyante invasion de la France par l’Allemagne nazie, plusieurs dizaines de milliers de combattants français ont été tués et presque 2 millions faits prisonniers. Démoralisés, humiliés, inquiets pour le sort de leurs proches, ils sont transférés, dans des conditions lamentables d’hygiène, sous-alimentés et bien souvent à la merci des intempéries, dans des camps de prisonniers. Ces camps sont d’abord des frontstalags situés sur les territoires français occupés, au départ desquels les officiers sont transférés ensuite vers des oflags et les sous-officiers et soldats vers des stalags, répartis sur tout le territoire du Reich allemand.

Ces camps sont identifiés par un numéro en chiffres romains suivi d’une lettre, et constitués d’un camp central duquel dépendaient plusieurs kommandos ou camps de travail, affectés à des travaux agricoles, industriels, miniers ou de construction. Certains prisonniers réussissent à s’évader, d’autres sont rapatriés au cours de la guerre pour diverses raisons, d’autres sont morts ou disparus en captivité, ceux qui restent ne sont libérés et rapatriés en France qu’à l’été 1945, après la capitulation allemande. Le retour de ces combattants de 1940, rappelant trop le traumatisme de la défaite, ne se fit pas toujours dans la joie. Bien qu’ayant souvent mené des actions de résistance, mais ayant parfois été accusés de ne pas avoir agi, les prisonniers de guerre ont été tristement oubliés pendant des décennies.

Ces photographies données anonymement sont heureusement pour la plupart légendées au dos. Nous apprenons ainsi qu’elles ont été envoyées par Jean Bordessoules, prisonnier à l’Oflag XXIB, à Madame Paulette Bordessoules, de Levallois-Perret (département de la Seine, aujourd’hui Hauts-de-Seine). En effet, après l’Armistice, les prisonniers et leurs proches eurent la possibilité de correspondre. Un même homme apparaît sur presque toutes les images, ce qui nous laisse supposer qu’il s’agit de Jean Bordessoules :

La collection du musée est constituée principalement de dons d’anciens résistants et de leurs familles. Ces photographies nous étant parvenues anonymement, nous devons retrouver les ayants droit, non seulement pour formaliser la donation, mais aussi pour tenter de documenter au mieux ces images et ainsi pouvoir valoriser ce patrimoine. Nous avons donc entrepris une petite recherche, toujours en cours, partant des renseignements fournis par Monsieur Étienne Jacheet, secrétaire général de l’Amicale de l’Oflag IID-IIB-XXIB.

Né à Dax le 16 mai 1912 et décédé à Saint-Cloud le 21 mai 2006, Jean Bordessoules était tailleur et résidait à Levallois-Perret au moment de sa mobilisation. Sergent lorsqu’il est fait prisonnier, il agit pendant sa captivité en contribuant à préparer ceux qui décident de s’évader. Après son retour en France, il adhère à l’Amicale en 1946, et bénéficie des fonds de secours octroyés par son organisation d’entr’aide jusqu’à la fin de sa vie.

Bien que les prisonniers de guerre ne soient pas considérés comme étant au cœur de l’histoire de la Résistance, le Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne conserve et transmet également leur mémoire. Non seulement nous conservons les archives de la Fédération nationale des Combattants et prisonniers de guerre et combattants d’Algérie, Tunisie, Maroc (FNCPG-CATM), restant à classer, mais plusieurs parcours de résistants prisonniers de guerre ou de résistants leur ayant apporté de l’aide se retrouvent ailleurs dans notre collection et dans notre exposition permanente, comme Boris Taslitzky, Laurent et Danielle Casanova, Paul Keller, Lise Ricol-London, etc.

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