CNRD 2011-2012 : Résister dans les camps nazis

CNRD 2011-2012 : Résister dans les camps nazis

Résister dans les camps nazis : enjeux et perspectives

Résistance 11|12, couverture.

Le thème du Concours national de la Résistance et de la Déportation proposé pour 2012 doit permettre aux candidats de réfléchir sur les possibilités qu’ont eues les détenus des camps nazis de s’opposer au processus mis en œuvre pour les soumettre, les exploiter ou les massacrer en masse. Ce thème doit cependant être précisé. Il concerne les camps de concentration et d’extermination mais il n’est pas possible d’étudier avec la même approche la résistance dans le système concentrationnaire et celle dans les centres de mise à mort. Leurs origines et leurs développements ont été distincts, même si des similitudes peuvent être notées. Par ailleurs, les camps d’internement ou les prisons dans les territoires occupés sont exclus du thème, comme les camps de travail ou les ghettos d’Europe de l’Est. La principale difficulté réside dans la définition de la notion de résistance dans les camps nazis. Celle-ci peut être comprise comme toute action visant à contrarier le fonctionnement du processus de destruction physique et morale mis en oeuvre par les SS, à la condition que cette action ne nuise pas directement à d’autres détenus. Ce dernier point est une des difficultés du thème.

Par ailleurs, la notion de résistance a une part de subjectivité, qui s’exprime plus ou moins nettement dans les témoignages des déportés : qualifier une action de résistante dépend du ressenti de chacun. C’est pour cette raison qu’il faut aussi distinguer lorsque cela est nécessaire le sort des hommes – les plus nombreux à avoir été déportés – de celui des femmes, dont les parcours présentent à la fois des ressemblances et des différences. Le thème demande donc d’accorder une attention particulière à la situation individuelle des déportés, qui a pu être déterminante : déportés sans passé de résistance ou détenus ayant été résistants avant leur déportation ; détenus isolés dans la masse ou détenus intégrés dans un groupe de compatriotes ; détenus en position de soumission permanente ou détenus affectés à un poste de responsabilité plus ou moins important. Il ne faut pas négliger non plus la capacité de chaque individu à encaisser le choc physique, psychologique et moral de l’immersion dans l’univers concentrationnaire (importance ou non de la situation socio-économique ou socioculturelle, de l’engagement politique ou religieux, de l’âge ou du sexe), malgré la volonté permanente des SS de briser les individus en séparant les collectifs constitués, en supprimant les positions acquises ou en montant les nationalités les unes contre les autres, par le biais des affectations et des décisions arbitraires.

Le thème demande également une prise en compte de la chronologie. Les premiers camps sont pensés d’abord comme des instruments de répression du peuple allemand ; les camps de la guerre totale conservent leur dimension répressive, appliquée à l’Europe nazie, mais ils doivent dorénavant exploiter jusqu’à épuisement la force de travail des détenus ; dans les dernières semaines de la guerre, les camps connaissent le chaos des évacuations et de l’écroulement du système concentrationnaire. Entre les premiers camps et les camps de la guerre totale, des postes de responsabilité ont été attribués à des détenus. Confiés d’abord à des condamnés de droit commun, réputés plus violents, ces postes ont été peu à peu récupérés par des détenus politiques, au prix d’une lutte impitoyable et sous le contrôle constant des SS. Les organisations de résistance sont nées des opportunités qui se sont présentées au gré de ces affectations et de ces changements arbitraires. Ici encore, les situations ont été très variables d’un camp à l’autre, d’un Kommando à l’autre, d’un Kapo à l’autre, voire dans certains cas d’un SS à l’autre. Les camps d’extermination ont évidemment leur chronologie propre, même si tous les déportés connaissent un destin commun durant la période qui précède la libération des camps de concentration.

Dans ces contextes variés, la résistance dans les camps nazis a pris des formes diverses. Elle a consisté d’abord à tenter de survivre individuellement. En les intégrant dans des formes d’action collectives, la solidarité a permis d’augmenter plus ou moins fortement les chances de survie individuelle. L’entraide a reposé sur des organisations informelles et fluctuantes au gré des affectations des détenus, ou sur des organisations structurées et clandestines (constituées en groupes nationaux ou en comités internationaux), influentes mais toujours dépendantes des décisions des SS. Les formes de résistance visant à prolonger la lutte dans les camps sont restées exceptionnelles, sans pour autant être rares : partout où cela a été possible des actes de sabotages individuels et collectifs ont été perpétrés, des documents ont été détournés, des projets d’évasion et d’insurrection ont été envisagés qui parfois ont pu être concrétisés. L’expérience de la solidarité et de la résistance dans les camps a profondément marqué les survivants. Beaucoup ont décidé de s’engager dans les organisations d’anciens déportés nées dès le retour des camps. Ne voulant pas que leurs camarades disparus soient morts pour rien, ils ont témoigné et agi pour faire condamner les responsables des crimes commis, pour faire connaître ce qu’étaient les camps nazis aux jeunes générations, pour faire respecter le droit à la dignité et à la liberté qu’on leur avait refusé.

Le thème retenu pour 2012 s’inscrit dans la continuité de cet engagement des anciens déportés. Enfin, au-delà des connaissances acquises, travailler sur la résistance dans les camps nazis peut aussi être l’occasion d’une réflexion sur la capacité de l’être humain à se dépasser en situation de domination, sur les sacrifices nécessaires pour que l’homme retrouve la plénitude ses droits, et, plus fondamentalement encore, sur ce qui constitue la nature même de l’espèce humaine.


Ressources proposées par le Musée de la Résistance nationale :

  • Bulletin pédagogique annuel Résistance 11|12 Résister dans les camps nazis télécharger PDF
  • Exposition temporaire « Nous qui sommes encore vivants : résister dans les camps nazis »


Crédits : Le Département du Val-de-Marne – Unité de Production Audiovisuelle ; Vimeo.

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